Projet REMPART, une approche communautaire dans la lutte anti-vectorielle
Depuis 2010, des épidémies virales, transmises par le moustique Aedes, affectent régulièrement les populations du Plateau des Guyanes. C’est pour renforcer la lutte anti-vectorielle dans cette région que la Plateforme d’intervention régionale Amériques-Caraïbes (PIRAC) de la Croix-Rouge française a conçu le projet REMPART anti-vectoriel (Réseau d’expertise et mobilisation participative). Les explications de Sendy Veerabadren, chef de délégation de la PIRAC.
Selon l’OMS, les maladies transmises par les moustiques,
comme la fièvre jaune ou le paludisme,
causent plus de 700 000 décès par an.
Pouvez-vous résumer les objectifs du projet REMPART anti-vectoriel ?
Dengue, chikungunya, fièvre jaune, zika, épidémies locales de paludisme… Les maladies épidémiques propagées par ce même vecteur qu’est le moustique, ont un impact significatif sur la santé des populations. La Guyane française, ainsi que l’ensemble des pays constituant le plateau des Guyanes (Suriname, Guyana, Brésil) subissent régulièrement des épisodes épidémiques de nature virale pouvant causer des complications lourdes ou même des décès. Le projet REMPART anti-vectoriel, lancé par la PIRAC en février 2018, a pour but de renforcer la prévention et la réduction des risques épidémiques en milieu communautaire, mais aussi d’accroître les capacités de réponse locale en cas de crise sanitaire, afin de limiter l’impact sur les populations. Pour y parvenir, la Croix-Rouge française veut s’appuyer sur l’expertise technique et scientifique des pays de la zone et la mise en œuvre d’actions de formation et de prévention au sein des quartiers et des villages, soit au plus près des communautés.

Une conférence régionale d’expertise a été organisée par la PIRAC à Cayenne en janvier dernier dans le cadre du projet REMPART. Qui y participait et quels étaient les objectifs de cette première rencontre du genre ?
Cette conférence est en effet inédite à plusieurs titres. Elle a d’abord permis de poser les bases d’un réseau régional d’experts et de praticiens de la lutte anti-vectorielle en réunissant de nombreuses organisations et institutions nationales et inter-gouvernementales, françaises et étrangères : les ministères de la Santé du Guyana et du Suriname, la collectivité territoriale de Guyane, l’Agence régionale de santé (ARS) et l’Institut Pasteur de Guyane, les sociétés nationales de la Croix-Rouge du Guyana, du Suriname, d’Haïti ainsi que des organisations internationales comme l’agence caribéenne de santé, l’organisation mondiale de la santé et la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR). Nous avons souligné de façon unanime l’enjeu majeur de santé publique que constitue le risque épidémique sur ces territoires et l’importance d’affronter cet enjeu par la coopération transfrontalière. Car, comme l’ont rappelé plusieurs intervenants, les moustiques ne connaissent pas de frontières et les maladies vectorielles non plus ! A nous, désormais, de poursuivre l’échange de nos savoir-faire et de structurer notre coordination.

En quoi l’approche communautaire vous semble-t-elle essentielle ?
La mobilisation collective et citoyenne est un enjeu crucial. Comme l’a dit M. Sardjo, représentant du ministère de la Santé du Suriname, si nous n’obtenons pas l’implication des communautés, nous échouerons dans notre combat contre les maladies épidémiques. Un constat attesté par les travaux de recherche épidémiologiques menés par l’Institut Pasteur de Guyane. Des savoir-faire formidables ont été partagés, notamment par les différentes associations qui œuvrent sur des territoires parfois très reculés, auprès de populations très isolées, vivant en zones fluviales, forestières ou dans les périphéries précaires d’agglomérations. La Croix-Rouge, avec son expertise en matière de mobilisation communautaire, a donc tout son rôle à jouer dans la lutte anti-vectorielle.


Cette actualité est en lien avec une des 12 thématiques de la conférence mondiale sur le la santé et les changements climatiques.
Vous pouvez retrouver en suivant le lien l’ensemble des informations sur le thème « Prévenir les risques épidémiques : approche communautaire et santé publique ».
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